L’Etat, la Région Auvergne-Rhône-Alpes ainsi que six autres partenaires viennent de s’engager à doubler le nombre d’unités de méthanisation sur le territoire régional d’ici à 5 ans. L’objectif est d’implanter ces nouveaux équipements au plus près des gisements d’intrants.
« Nous réalisons là un acte d’engagement fort qui conditionne en partie la réussite de la transition énergétique dans notre région ». C‘est en ces termes qu’Eric Fournier, vice-président du Conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes délégué à l’environnement, a présenté la charte de partenariat 2019/2023 pour le développement de la méthanisation dans la région.
Ce partenariat qui réunit l’Etat, la Région, l’ADEME, la Chambre régionale d’agriculture, GRDF Sud-Est, GRT Gaz Rhône-Méditerranée, l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse, Auvergne Rhône-Alpes Energie Environnement et Bpifrance financement prévoit d’accompagner l’installation de 90 nouveaux méthaniseurs d’ici 2023 sur la région, soit deux fois plus qu’aujourd’hui. Ces installations permettraient alors d’injecter 1075 GWh de biogaz dans le réseau contre 120 GWh aujourd’hui.
Potentiels significatifs
Pour relever ce défi, les partenaires entendent capitaliser sur le travail qu’ils ont mené dans le cadre de la première charte visant à dynamiser la méthanisation sur les 5 dernières années.
« Nous avons amorcé la démarche, nous pouvons compter sur des retours d’expériences et nous avons identifié beaucoup d’utilisateurs potentiels. Nous avons donc une chaîne d’acteurs complète », fait valoir Christine Mesurolle, adjointe au secrétaire général pour les affaires régionales de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
En développant cette filière, les acteurs régionaux estiment ainsi être à la tête d’un potentiel important d’énergie renouvelables, mais aussi d’un potentiel tout aussi significatif « d’emplois non délocalisables ».
Pour autant, aucun ne chiffre le nombre d’emplois susceptibles d’être créés par cette filière, mais en revanche, tous assurent que de nombreux projets sont prêts.
« La Région a déjà apporté son soutien financier à 12 projets sur les quatre premiers mois de l’année », souligne Eric Fournier.
Localiser au plus près des intrants
Même s’il s’agit d’aller vite compte-tenu des enjeux climatiques, les signataires de la charte souhaitent initier une véritable stratégie de développement pour cette filière. Objectif : la « territorialiser » le plus finement possible en fléchant les implantations de méthaniseurs au regard du potentiel d’intrants.
« Nous les avons identifiés à l’échelle des EPCI, nous allons encore affiner », assure Eric Fournier.
Ainsi, chaque projet qu’il soit porté par une collectivité ou des acteurs privés, souvent des agriculteurs, devrait être envisagé en fonction du potentiel présent sur place de déchets, boues d’épuration, et autres effluents d’élevage et résidus de culture constituants la matière première des méthaniseurs.
Reste à mobiliser des financements pour ces installations plutôt coûteuses et pas immédiatement rentables. Là encore, les partenaires assurent que leur travail en commun vise aussi à trouver des solutions pour financer ces installations. Des subventions, des avances remboursables et des prêts sans garantie peuvent ainsi être mobilisés par les porteurs de projet.
Néanmoins, même si les neuf partenaires n’entendent pas relâcher leurs efforts, tous estiment que la méthanisation devra rapidement trouver son modèle économique et voler de ses propres ailes.
Source : Françoise SIGOT